Pour quelle raison les élèves de votre école portent-ils un Gi* ?
Au-delà du deuxième niveau, nous demandons à tous les élèves de porter le Gi. Cette tenue traditionnelle que l’on retrouve dans tous les arts martiaux est encore largement portée au Japon. Le Gi est pratique, en même temps solide et souple. De couleur blanche dans notre école, son maintien est le reflet de l’état intérieur du thérapeute.
En principe, en enfilant son gi, l’ego reste au vestiaire. Toujours propre et repassé, il participe à l’hygiène et à la dignité du praticien. De nombreuses écoles de Shiatsu l’ont conservé : Endo, Ohashi etc… Les praticiens de notre école sont heureux de le porter pour leur travail journalier.
Non seulement ils s’inscrivent dans la tradition, mais ils soulignent ainsi le respect et le lien chaleureux qu’ils entretiennent avec leurs formateurs.
*(appelé improprement kimono)

Votre école n’appartient à aucune fédération, pourquoi ?
Il existe en France cinq ou six organismes de Shiatsu se faisant concurrence. Ils se veulent fédérations ou syndicats. J’ai commencé à enseigner à une époque ou rien de tout cela n’existait. J’ai bien tenté de me rapprocher de certains d’entre eux… , mais je me suis vite aperçu qu’un praticien en profession libérale soumis à 20% de TVA et ne touchant aucun autre salaire n’avait pas le temps de se consacrer à une fédération. Un Shiatsu dure une heure à une heure trente.
En France, les praticiens vivants uniquement du Shiatsu sont peu nombreux, et les fédérations de shiatsu regroupent majoritairement des amateurs.
Ils affirment tous œuvrer pour la reconnaissance du shiatsu, mais dans les faits, en ne faisant aucune différence entre professionnels et amateurs, ils retardent sa reconnaissance.
Depuis 2014 l’État français ne reconnait comme enseignant dans les écoles d’ostéopathie, que des ostéopathes exerçant en profession libérale et possédant leur propre cabinet.
Nous avons longuement parlé de la situation du shiatsu en France avec Wataru Ohashi.
Suite à cet entretien, nous avons décidé de ne reconnaître que les diplômes délivrés par des enseignants exerçant le shiatsu professionnellement. De même dans notre école, nous faisons appel uniquement à des praticiens exerçant professionnellement pour les évaluations d’examens.

Combien y a-t-il de style de Shiatsu ?
Au début du20ème siècle, l’appellation «SHIATSU » a été adoptée par de nombreux thérapeutes principalement pour se démarquer de l’Anma « moderne ».
Bien que ces deux pratiques soient aujourd’hui clairement identifiées, certains se réclament du shiatsu, alors que leur style reste très proche de l’Anma.
Dans le shiatsu deux courants dominent. Celui du « shiatsu a un point », ou l’appui s’effectue les pouces l’un sur l’autre comme dans le style Kurétaké ou Namikoshi ; et le « shiatsu a deux mains » du style Masunaga ou Ohashi influencé par les techniques du Seîki.

Quelle différence faites-vous entre Shiatsu et Acupuncture ?
Au sixième siècle, le Japon adopte en même temps que le Bouddhisme et la calligraphie, la médecine chinoise qu’elle intègre à sa pratique médicale.
De nos jours, afin de la différencier de la médecine moderne on parle de « médecine ancienne » ou Kampo.
Au Japon, les experts du Kampo sont formés conjointement dans les quatre disciplines énergétiques que sont l’Acupuncture, le Do-in (chi Kong), le Moxa et le Shiatsu.
Selon le Kampo , « l’igniponcture » ou Moxa est particulièrement efficace au Nord, pour des pathologies causées par le froid, l’humide et les vides énergétiques.
L’acupuncture elle, est souveraine au Sud, pour des pathologies du chaud et dans tous les excès énergétiques. L’aiguille est considérée comme une « voie froide », dispersante.
Le Shiatsu lui, est la « médecine du centre », son action sur l’énergie vitale est moins extrême, plus douce, il est harmonisant.
Mais au-delà de ces différences, il faut se rappeler que dans « l’acupuncture ancienne » ce n’est qu’après un long travail avec les mains que le médecin finalise son traitement en piquant avec une ou plusieurs aiguilles. Ce faisant, il projette son « Ki ».
L’acupuncture n’est pas apparue spontanément du jour au lendemain, elle est le fruit d’un long cheminement. C’est grâce aux mains que méridiens et « Tsubos » ont été mis à jour.
Le travail avec les mains arrive toujours en premier !

Conseillez-vous des livres à vos élèves ?
Il faut tout de suite vous mettre en garde. On ne devient pas danseur étoile en étudiant des livres de dance. La dance classique même à son niveau le plus basique requiert un enseignement de qualité et beaucoup d’entrainement. Nous avons adopté l’adage de Swami Sivananda, un sage des Himalaya qui disait « Une once de pratique vaut mieux que des tonnes de théories ».
Dans le shiatsu vous devez beaucoup pratiquer ; la lecture du corps se fait au bout des doigts, ce n’est pas un processus intellectuel.
Plus tard, pour ceux qui suivent une véritable formation, nous conseillons :
-ZEN SHIATSU de Shizuto Masunaga (Édition Guy Trédaniel)
-COMPRENDRE LE LANGAGE DU CORPS d’Ohashi (Édition Guy Trédaniel)
-LE LIVRE DU SHIATSU de Paul Lundberg (Édition Broché)
-PRÉCIS DE SHIATSU KURETAKE de Masanori Okamoto (Édition Dangles)
-SHIATSU et MEDECINE ORIENTALE de Shizuto Masunaga (Édition Le courrier du Livre)
-HARA Centre Vital de l’Homme de Karlfried Graf Dürckheim (Édition Le courrier du Livre)

Le shiatsu peut-il être pratiqué par tout le monde ?
Au Japon, le Shiatsu se pratique couramment en famille.
L’apprentissage commence très tôt, et il est fréquent que des enfants fassent du Shiatsu à leurs grands-parents contre quelques pièces de monnaie. Il s’agit d’un Shiatsu ludique et familial, loin du Shiatsu thérapeutique.
Les bases du Shiatsu sont accessibles par tout le monde. La pratique professionnelle demande elle plus de travail. Mais au-delà de cet aspect, il ne faut pas oublier que le shiatsu est bien plus qu’une simple technique. On ne peut donner que ce qu’on est… Il faut donc constamment travailler sur soi, sur sa qualité d’ « être », rechercher l’empathie et rester lucide quant aux multiples jeux de l’Ego.
Alors oui le shiatsu peut être pratiqué par tous.

Quelles sont les pathologies pour lesquelles le shiatsu est le plus approprié ?
Tout d’abord,……..bien que le shiatsu soit reconnu par « l’organisation mondiale de la santé », par le parlement européen comme « médecine non conventionnelle », et par de nombreux pays aussi différents que la Suisse et le Portugal ; en France, il se pratique dans le cadre du bien-être.
A aucun moment il ne faut se substituer à un professionnel de la santé, et en cas de doute, il faut diriger immédiatement votre client vers un médecin compétent.
Afin de répondre plus précisément à votre question : le shiatsu ne s’intéresse pas au symptomatique, mais vise à l’équilibre global de chacun. A aucun moment il ne cherche à guérir, il renforce la santé et stimule le pouvoir d’auto guérison de chacun.

La formation dans votre école se fait sur quatre années : est-il possible de suivre une formation rapide ?
Dès les premiers cours, un élève peut obtenir des résultats dans sa famille et son entourage. C’est trompeur !…… et il ne faut pas se méprendre. Si vous voulez juste avoir quelques notions et une pratique d’amateur, pourquoi pas une formation rapide. Pour travailler professionnellement, c’est une autre histoire, une formation sur quatre années est déjà une formation rapide.
Le shiatsu est le travail d’une vie.
Je comprends tout à fait que certain est un besoin pressant de s’installer et de gagner leur vie.
Le shiatsu ne peut pas s’apprendre en accéléré. Il faut que le corps comme l’inconscient suivent. L’apprentissage est en lui-même une thérapie avec des modifications importantes de la structure énergétique. Il faut avoir le temps de « digérer ».